Le quadrichrome

27Juil/18Off

Une place croissante de l’immatériel dans l’économie

Le développement des services, la montée en puissance des technologies de l’information et de la communication (TIC) et l’élévation du niveau général d’éducation dans les pays de l’OCDE sont des réalités très tangibles et leur importance pour les économies de l’OCDE est largement reconnue. La manifestation la plus visible de cette évolution est certainement la part prise par les secteurs construits autour de biens et services à caractère immatériel : services liés à l’information et à la communication, technologies innovantes... Les entreprises de ces secteurs comptent aujourd’hui parmi les plus importantes capitalisations boursières mondiales. Sans même mentionner Microsoft, e-bay, Yahoo ou encore Google, on peut noter que les entreprises qui interviennent dans ces secteurs représentent d’ores et déjà près d’un cinquième des sociétés du CAC 40. D’après l’INSEE, les secteurs directement liés à l’immatériel, au sens large, représentaient, en France, en 2003, environ 17,4 % de la valeur ajoutée et 13,6 % de l’emploi (hors administrations publiques). Il serait cependant erroné de réduire l’économie de l’immatériel à des domaines précis, quelle que soit l’importance qu’ils ont pu prendre au cours des années récentes. En effet, la logique de l’immatériel, c’est-à-dire une croissance fondée non plus sur des investissements matériels mais sur des éléments incorporels, s’est diffusée bien au-delà de ces secteurs particuliers et touche aujourd’hui la quasi-totalité des activités économiques. Aujourd’hui, y compris dans les secteurs les plus industriels, c’est la capacité d’innovation et d’investissement immatériel (recherche et développement, publicité…) qui est à l’origine de la création de valeur. D’après l’OCDE, qui utilise une définition plutôt stricte du périmètre des investissements immatériels, ceux-ci ont représenté de 2 à 7 % du PIB et dépassent en moyenne 5 % dans la zone de l’OCDE. Cela reste infé- rieur aux dépenses consacrées aux machines et aux équipements (7 % du PIB en moyenne), mais le rythme d’augmentation sur la période 1994-2002 est supérieur pour les investissements immatériels (+ 7 % par an contre 5 % pour les investissements physiques). Certaines études, qui retiennent une conception plus large de la notion d’investissement immatériel et incluent également les efforts en matière de capital humain, de publicité et d’innovation, chiffrent même le niveau des investissements immatériels aux États-Unis à 13,1 % du PIB par an sur la période 1998-20006. Cette importance croissante se lit également dans les comptes des entreprises, même si ceux-ci ne retracent que très imparfaitement les actifs immatériels des entreprises. Ainsi, le total des immobilisations incorporelles brutes inscrites au bilan des entreprises représentent en 2004 environ 16 % des immobilisations corporelles, contre seulement 6 % en 1990 et cette tendance concerne aussi bien les petites que les grandes entreprises. Certains postes « immatériels » du bilan des entreprises ont particulièrement explosé. Ainsi, les concessions, brevets et droits similaires représentaient un total de 7,7 Md € en 1990, en valeur brute, contre près de 61 Md € en 2004. En dépit de son caractère central pour la création de valeur et la croissance, la dimension immatérielle de l’économie se heurte à un problème de mesure, tant au niveau des entreprises qu’au niveau macroéconomique. Les actifs immatériels des entreprises sont aujourd’hui assez mal connus. Même si la plupart des entreprises ont identifié ce type d’actifs comme des éléments essentiels de leur compétitivité, peu d’entre elles disposent de données fiables et robustes permettant de relier ces actifs à la valeur qu’elles créent. De même, au niveau de la comptabilité nationale, on retrouve un problème de mesure équivalent. Ceci appelle une modernisation, évidemment coordonnée au niveau international, des appareils statistiques pour permettre la prise en compte de l’immatériel dans la mesure du capital – sous toutes ses formes –, de la création de richesse ou encore pour l’évaluation de la croissance potentielle.

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