Le quadrichrome

6Oct/17Off

L’islam turc et tunisien en France

Depuis sa création au milieu en 1984, le Diyanet a renforcé son implantation au sein de la communauté turque. La France compte aujourd’hui trois fédérations DITIB, une à Paris, une à Lyon et une dernière, créée en 1997, à Strasbourg, qui gère l’islam truc dans le Grand-Est. Cette fédération strasbourgeoise, dotée d’un budget annuel de 500 000€ en moyenne et contrôlant une soixantaine de mosquées, est devenue en quelques années un acteur majeur de l’islam régional. « Longtemps la DITIB est restée cantonnée aux zones rurales et aux villes moyennes d’Alsace, tandis que Strasbourg était le terrain du Millî Görüs côté turc (Mosquée Eyyub Sultan de la Meinau) et du Rassemblement des musulmans de France côté marocain ». L’accession d’un membre du DITIB strasbourgeois à la présidence du CRCM ainsi que le développement de projets éducatifs ambitieux (projet avorté de création d’une université islamique et ouverture du lycée privé Yunus Emre à Strasbourg en octobre 2015) constituent les éléments les plus visibles de cette implantation: « Les courants islamiques turcs d’Europe ont développé un islam social extrêmement actif. Focalisées sur le resserrement des liens communautaires, leurs actions se développent sur trois axes: création de mosquées, enseignement avec une réaffirmation de valeurs traditionnalistes teintées d’ottomanisme et entraide sociale et scolaire » L’islam turc ne vise pas à être hégémonique en France, mais à entretenir l’adhésion des musulmans d’origine turque à la Turquie. Cet encadrement très structuré, qui nourrit une vie et une pratique communautaires, constitue à la fois un frein à l’intégration des Turcs en France mais aussi à la propagation du salafisme parmi la communauté musulmane d’origine turque. La Tunisie est la grande absente de ce tableau des interactions entre les pays du Maghreb et l’islam. Pourtant, à la fin des années 1980, les premiers dirigeants de l’UOIF étaient des Tunisiens, chassés de Tunisie par Bourguiba et Ben Ali. L’État tunisien, sous Ben Ali, utilisait davantage le contrôle sécuritaire et policier des individus que la gestion via l’islam et les mosquées des populations immigrées tunisiennes en France (et en Europe). La Tunisie n’apparaît donc pas comme un acteur majeur de l’islam en France.

Remplis sous: Non classé Commentaires